Déclinant au féminin & au pluriel le mot musique, nous avons croisé de savantes poétesses reconnues par leurs pairs masculins (la trobairitz Beatriz de Dia), de solides chanteuses inventant le rock'n'roll avant Elvis (Big Mama Thornton) et des pionnières électro (Allen Allien). Tandis qu'à l'opéra les divas adulées ne cessent de chanter leur mort en beauté (le final de la Norma), des jeunes filles se dandinent en chantant leur premier flirt dans de "petites symphonies pour adolescents" en 45 tours (The Shirelles), attitude que les punkettes des Slits prennent à rebours, préfigurant le mouvement des Riot Grrrl. Des pétroleuses occitanes invitent à y réfléchir à deux fois avant de se (mal)marier (La Mal Coiffée), des chansonniers montmartrois chroniquent le quotidien sordide des filles d'ouvriers, des stars jouent la carte de l'empowerment à l'américaine (Beyoncé ou Janelle Monae). Au delà des virtuoses
célèbres, des sages filles de bonne famille jouant du piano au salon et des chanteuses (très) en colère, hommage aux innombrables anonymes dont la musique rythme les gestes du quotidien, au fil des jours, des âges et des saisons, tels ces chants de femmes collectés lors d'une initiation africaine ou d'un mariage berbère.
« Oh les filles oh les filles ! » chantait l’autre à tue-tête.
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