Les petites musiques des horreurs #1

A l'approche d'Halloween, une "p'tite playlist" en hommage à Bela Lugosi, Christopher Lee, Boris Karloff & autres Vincent Price.

Born Bad Records

     Non, Born Bad n’est pas le nom d’un gang de motards-rockers de type hells angels, mais bien le nom du label français de rock indépendant le plus en vue du moment. Créé et dirigé par Jean-Baptiste Guillot depuis 2006, le label s’est progressivement imposé dans le paysage musical, à la fois par son travail pointu de rééditions et de compilations d’artistes oublié-e-s, mais aussi par la découverte d'artistes de rock indépendant et de punk, principalement français.


Tout comme les mythiques labels New Rose (dont vous pouvez trouver une superbe compilation en vinyle à la médiathèque en cliquant ici) et Rough Trade, Guillot veut associer son label à un disquaire qui en serait la vitrine physique. Il contacte donc le magasin Born Bad qui sévit dans le garage-rock et le punk depuis 2002 dans le XIème arrondissement de Paris, et qui s'est déjà constitué un public d'aficionados : le gérant de la boutique est par ailleurs le batteur du groupe de post-punk Frustration, qui seront les premiers à enregistrer un album pour le label naissant.

Born Bad voit le jour dans un contexte économique plutôt difficile pour les labels indépendants (voir notre chronique sur Makasound Records) ; les ventes de disques sont en chute libre et la musique en ligne, quand elle n'est pas simplement piratée, génère très peu de revenus pour les artistes et leurs producteurs.
De plus, J.B. Guillot choisit de se focaliser sur le garage-rock et le punk, genres musicaux qu'on aurait pu croire tombés en désuétude. Comme si cela ne suffisait pas, il choisit de les éditer principalement en vinyle. Au final, la réussite du label repose justement sur ces choix à contre-courant qui bousculent le conformisme des majors, et attirent un public au départ peu nombreux, mais extrêmement fidèle.

Il faut tout de même nuancer quelque peu cette réussite sur le plan économique, car Born Bad n'emploie qu'un seul salarié, qui n'est autre que son créateur et directeur J.B. Guillot (et encore s'en tire-t-il avec à peine plus que le SMIC). Il prend ainsi lui-même en charge la quasi-intégralité des fonctions, de la relation avec ses groupes à l’ensemble de la supervision de la chaîne : fabrication, envoi des commandes de disques, contrats, rémunération des artistes, booking de leurs concerts quand ils n’ont pas encore d’agent, etc. Activités auxquelles il a ajouté la gestion du pressage de vinyles pour une cinquantaine d'autres labels indépendants.
Certes J.B. Guillot marche toujours sur des œufs, restant à la merci du premier échec commercial, mais son flair musical devrait l'en prémunir car c'est bien sur le plan artistique que le label rencontre le succès. J.B. Guillot allie à la fois une connaissance quasi "archéologique" de la musique en publiant des compilations très pointues (il est capable d'exhumer une bande originale de film érotique rarissime, retrouvée dans une décharge : "Le mariage collectif"), et une large ouverture d'esprit quand, par exemple, il décide de rééditer Francis Bebey, pionnier africain de la musique électronique dans les années 1970.
Plutôt spécialiste de la mouvance punk et post-punk française, illustrée par des compilations comme "Bippp : french synth-wave 1979-85" ou "Paink : french punk anthems 1977-1982", il ne s'interdit pas pour autant une incursion dans d'autres styles, comme par exemple le free-jazz avec "Mobilisation générale : protest and spirit jazz from France 1970-1976". Et si on cherche un fil rouge qui puisse lier ces productions d'un genre très différent, vous l'entendrez gronder sous l'étiquette du label Born Bad, pour chanter la révolte et transgresser les codes.


Ces caractéristiques collent bien au groupe Cheveu, composé de trois hurluberlus bordelais, étalons de l'écurie Born Bad, qui martèlent batteries et claviers tout en vociférant leur folie. En live, c'est une tuerie... A défaut de les croiser ici, vous pouvez toujours emprunter leurs albums (le premier et le troisième) disponibles à la médiathèque. Détartrage auditif garanti !

  • Les albums de Born Bad Records à médiathèque :
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=796961.titn. http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=796974.titn. http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=794459.titn. http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=771618.titn.
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=796996.titn. http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=771662.titn. http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=783592.titn.
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=793150.titn. http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=794447.titn.
(cliquez sur une pochette pour accéder à la notice du catalogue)


  • Jetons une oreille sur… : Les Olivensteins
Cultissime, introuvable jusqu'à peu (merci Born Bad), voilà réédité –et augmenté de démos et d'enregistrements live- le seul et unique 45 tours des Olivensteins.
Ce vrai groupe punk est originaire de Rouen, haut lieu du rock'n'roll en cette fin de décennie seventies, avec notamment la boutique de disques Mélodies Massacre tenue par Lionel Herrmani. Y traînent les membres des Dogs, rare groupe à rallumer la flamme dans le paysage musical français de l'époque, et tous ceux qui cherchent alors à troquer leur ennui contre l'urgence du rock, à l'instar des frères Tandy : Eric travaille au magasin et fait le parolier pour son frère Gilles qui chante au sein des Olivensteins. On ne soulignera jamais assez l'importance des disquaires dans l'histoire de la musique...
Le groupe se monte de bric et de broc en avril 1978, donnant dans la foulée quelques concerts épiques. Dès l'année suivante il réussit à enregistrer une poignée de titres brûlants qui deviennent aussitôt des hymnes provocateurs ("Fier de ne rien faire", "Euthanasie"), quitte à en rajouter une couche ("Patrick Henry est innocent") avant d'aborder le passage du cap de la tournée nationale et du premier vrai album. Mais le fameux psychiatre spécialiste des toxicomanes à qui les Olivensteins doivent leur nom apprécie si peu la plaisanterie qu'il cherchera à empêcher l'utilisation de son patronyme et à interdire leur concert au Palace à Paris en décembre 1979 (où ils doivent se produire en première partie de Stiff Little Fingers, grand groupe de la vague punk britannique). Renoncer à leur nom ou à la perspective d'une carrière ? En bon esprit punk, le groupe décide de se saborder.
Fin de l'histoire, début de la légende.



  • Encore plus de Born Bad !!!! (mise à jour au printemps 2017)
Quand on vous dit que ce label est incontournable ! Depuis la rédaction de cette chronique, les bacs de la médiathèque se sont enrichis de nombreuses autres parutions "made by J.B. Guillot" et toujours suivant la même ligne directrice, à savoir « défendre l'underground rock, une certaine idée de la radicalisation, de l'auto-organisation ». Les poulains du label grandissent (Frustration, solides vétérans, les féroces JC Satan, la rencontre explosive et féconde de Cheveu avec les mauritaniens de Group Doueh) tandis que les rééditions révèlent d'improbables parias du rock'n'roll (l'inénarrable El' Blaszcyk !), des curiosités eighties (la compilation "France Chébran"), des pépites électroniques de l'outre-espace hexagonal (les deux volumes de "Space oddities") ou réécrivent la face cachée et underground des années yéyés (les trois volumes "Wizzz !").
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=800607.titn.
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http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=815782.titn.

Saturday Night Fever vs Dimanche Déprime #1

Première illustration de la bipolarité hebdomadaire dans nos sociétés modernes. Le titre parle de lui même, mais rien ne vous interdit de déprimer le samedi et de festoyer le dimanche.
Vous pouvez, bien entendu, retrouver les albums dont ces morceaux sont extraits dans les bacs de la médiathèque.