Des guitares et des vagues ! Quelques disques à emporter cet été, pour glisser dans nos oreilles le son vintage des plages du Pérou, du Japon ou de Californie... |
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Des guitares et des vagues ! Quelques disques à emporter cet été, pour glisser dans nos oreilles le son vintage des plages du Pérou, du Japon ou de Californie... |
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Avec un nom de famille pareil, on peut s'attendre à une artiste qui sort des pistes. Et outlaw, elle l'était bien, cette chanteuse qui rechignait à monter sur scène et fuyait les studios d'enregistrement avec une peur panique -claustrophobie aggravée d'une crainte superstitieuse d'y perdre son âme- et qui mourut en 1993 dans la rue, quasi-incognito. De père irlandais et de mère cherokee, cette Calamity Jane du folk a vécu dans une cabane sans eau courante dans le Colorado, traîné ses guêtres à Greenwich Village, chantant pour elle et ses amis, dans les bars ou dans la rue, saisissant tout le monde par ses interprétations poignantes -ce dont témoigneront plus tard avec admiration Tim Hardin, Fred Neil ou Bob Dylan. Son art rappelle celui de Billie Holiday à laquelle elle a souvent été comparée : même éraillement de la voix, même aisance à se balader au dessus du rythme, même génie à s'approprier les chansons des autres et à les faire siennes. Karen Dalton ne composait pas : il lui suffisait d'attraper n'importe quel refrain pour le transformer en blues déchirant. Sauvage, indépendante, vagabonde, elle réussit tout de même à se traîner en studio et commettre quelques rares et miraculeux enregistrements : deux albums en tout et pour tout. En 1969 parait "It's so hard to tell who's going to love you the best", un authentique chef-d'œuvre enregistré presque par ruse (la belle se rendait innocemment à une session de son ami Fred Neil), et incompréhensiblement passé inaperçu auprès du public de l'époque. En 1971 "In my own time", produit par Michael Lang ("monsieur Woodstock", à l'origine du fameux festival), flirte avec un folk-rock sauce country. Karen Dalton y semble moins à son aise et les arrangements pourtant soignés (guitares, pedal steel, piano, violon, clarinette) paraissent presque chargés et pompeux en regard des fêlures abyssales de sa voix. Mais le premier titre, "Something on your mind", est aussi l'un de ses plus bouleversants. A la médiathèque : Pas de chance, contrairement à celle de "In my own time" la réédition de "It's so hard to tell…" nous a échappée*. Le disque est à nouveau épuisé et s'arrache déjà en seconde main. Si vous le croisez un de ces quatre, ne le ratez pas ! (On peut heureusement toujours l'écouter sur Youtube : on maugrée souvent, mais à l'occasion on est bien content qu'internet existe) * (depuis la rédaction de cette chronique, une opportune réédition est venue combler ce manque et vous pouvez retrouver ce chef d’œuvre dans nos bacs) En 2012 sont exhumées les bandes d'un incunable, enregistré en 1966 par un ami dans le chalet où elle vivait alors avec son compagnon le guitariste Richard Tucker. On y trouve des ballades traditionnelles, des chansons de Tim Hardin, quelques blues (Billie Holiday et Ma Rainey). Le son "gratte" un peu, on s'en moque : ce sont de véritables pépites arrachées à la montagne. |
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A écouter aussi :
- Bob Dylan qui, tout jeune, fut aussi un fantastique interprète de blues
- Tim Hardin, ami proche de Karen et dont elle a repris plusieurs chansons
- Billie Holiday elle-même, puisqu'on a souvent rapproché les voix de Karen Dalton et de "Lady Day"
- Mirel Wagner, qui dès son premier album semble elle aussi en connaître un rayon sur l'art de la ballade funèbre
- Catpower enfin, dont la rugosité écorchée (à ses débuts) rappelle celle de Karen Dalton
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En guise de post-scriptum : Au fait, avez-vous lu les émouvantes lettres de Martha Jane Cannary (dite "Calamity Jane") à sa fille ? |