Rap & Graffiti

La pratique du graffiti est ancestrale et les archéologues en ont même découvert sur les murs de Pompéi ! Mais cet art connaît un véritable essor avec la naissance et la diffusion à travers le monde de la culture hip-hop.
Bien souvent les MC's sont eux-mêmes graffeurs et on retrouve dans ces deux disciplines la volonté d'affirmer son existence et son identité par la parole ou par l'écrit.
Nous vous proposons d’écouter quelques rappeurs qui, doublement armés d’un micro et d’une bombe de peinture, mettent en lumière cette activité de l’ombre.

Le rap & le jazz

Si les DJ du hip hop, toujours à la recherche de pépites pour leurs platines, ont largement puisé aux catalogues du jazz, les amateurs respectifs de ces répertoires distincts se sont longtemps largement ignorés –en Europe du moins. Et pourtant, depuis le "Doop bop song" de Miles Davis et le "Rock it" d'Herbie Hancock, nombreux sont les musiciens de jazz à avoir su prêter une oreille et, à l'occasion, à avoir fait une place à ces nouvelles sonorités. Quand à la jeune génération représenté par un Soweto Kinch, aussi à l'aise un sax au bec qu'un micro en main, elle témoigne de ce que jazz et rap ne sont que des étiquettes, bonnes à jeter, renvoyant aux différentes modalités d'expression d'une même culture.

Histoire du Hip-Hop avec Olivier Cachin

     Le mouvement hip-hop apparaît au début des années 70 dans le South Bronx, quartier dévasté par les politiques urbanistiques et laissé à l’abandon par les pouvoirs publics, où vivent les populations les plus défavorisées, noirs et latinos.
Le hip-hop rassemble des formes d'expression variées : la musique bien sûr, mais aussi la danse et le graffiti. Musicalement, on attribue sa création à DJ Kool Herc, fils d’émigrés jamaïcains, qui, dès 1973, animait des soirées (les fameuses block party) grâce au soundsytem de son père. Son matériel était le plus puissant du South Bronx et les jeunes affluaient en nombre pour se délecter des basses puissantes que crachaient les amplis.
Or, à force d’expérience, Kool Herc remarqua que pour chaque morceau, il y avait un moment précis où les danseurs et les danseuses se déchainaient particulièrement sur la piste, c’était le break, ce passage où la section rythmique est mise en avant. Pour prolonger ce qui ne durait généralement que quelques secondes par morceau, Kool Herc décida d’acheter ses disques en double : lorsque le break se terminait sur une de ses platines, il le relançait au début sur l’autre, jusqu’à prolonger indéfiniment cette boucle -ou l'enchaîner à un autre break. Le DJing, base de la musique hip-hop, était né.
La scansion des MCs (masters of ceremony), héritiers des toasters jamaïcains et du spoken word des Last Poets, en mêlant parlé et chanté sur cette musique nouvelle, signent l'acte de naissance du rap.

    Olivier Cachin, journaliste et animateur de télé (notamment avec l'émission RapLine sur M6 à partir de 1990), spécialisé dans les musiques noires et le hip-hop, était à la médiathèque le samedi 15 novembre pour nous conter l’histoire de ce mouvement, qui, de nos jours, s’est essaimé dans le monde entier et domine le marché de la musique.


Pour approfondir le sujet, quelques livres disponibles à la médiathèque...

http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=765510.titn. http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=798462.titn. http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=801476.titn.
http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=775839.titn. http://web2.ville-vichy.fr/cgi-bin/abnetclop.exe?ACC=DOSEARCH&xsqf99=798426.titn.

...ainsi que quelques DVD :

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    En outre, tout au long de l'exposition qui se termine le 9 décembre, nous publierons des P'tites Playlists pour mettre en lumière (et surtout en musique !) tel ou tel aspect du mouvement hip-hop.

La préhistoire du rap #2 : premiers hits

« J'suis tombé sur un vieux clip de Grandmaster Flash / Hey t'as vu c'type et sa dégaine de barge / Là j'étais scié c'type m'a fusillé » (Hocus Pocus)
Tandis que la Zulu Nation d'Afrika Bambaataa s'affirme comme alternative artistique à la violence dans les ghettos, avec le tournant des années 1980 le rap déboule sur les ondes : Sugarhill Gang et Grandmaster Flash signent les premiers hits, et le sorcier des claviers Herbie Hancock invite les scratchs de Grand Mixer DXT sur son tube "Rock it".

La préhistoire du rap #1 : le rap avant le rap

En dehors de l'influence immédiate des toasters et DJ jamaïcains soulignée par Bruno Blum*, le rap s'inscrit aussi dans la filiation du spoken word pratiqué dans les années 1970 par Gil Scott-Heron et les Last Poets, ainsi que des déclamations poétiques et politiques sur fond de gospel ou de free-jazz de Nikki Giovanni ou d'Amiri Baraka (ex-Leroi Jones).
Mais la gouaille exemplaire du charismatique Muhammed Ali (ex-Classius Clay), showman autant que boxeur, fait de celui-ci un véritable précurseur : ses saillies verbales et ses invectives mêlant arrogance et sens communautaire, humour féroce et revendications politiques et sociales, préfigurent dès les années 1960 l'attitude et la verve des futurs rappeurs. Authentique héros populaire, il reste jusqu'à aujourd'hui une référence incontournable de la culture afro-américaine.

 *  dans son livre "le rap est né en Jamaïque".